EN BREF
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L’élevage représente environ 60 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) liées à l’agriculture, contribuant donc significativement au réchauffement climatique. Parmi les gaz à effet de serre émis, le méthane joue un rôle prédominant, avec un potentiel de réchauffement 28 fois supérieur à celui du CO2 sur une courte période. En Europe, des efforts ont été déployés pour réduire ces émissions, malgré une tendance mondiale à l’augmentation de la concentration de méthane dans l’atmosphère. Les pratiques d’élevage durables sont cruciales pour minimiser ces impacts, tout en reconnaissant le rôle bénéfique des élevages dans la conservation des prairies et des écosystèmes. Ainsi, des initiatives telles que la nécessité d’optimiser les pratiques d’alimentation et d’utiliser des techniques de sélection génétique sont essentielles pour atteindre une neutralité carbone et favoriser une agriculture plus respectueuse de l’environnement.
Le secteur de l’élevage joue un rôle crucial dans l’agriculture mondiale, mais son évolution est préoccupante au vu de son impact environnemental. Cet article explore en profondeur le lien entre l’élevage et les émissions de gaz à effet de serre (GES), les stratégies mises en œuvre pour réduire ces émissions, ainsi que les initiatives visant à valoriser les services environnementaux offerts par l’élevage. À travers une synthèse des mécanismes en jeu, nous mettrons en lumière l’importance d’un bilan carbone précis pour construire un avenir durable.
Les émissions de GES dues à l’élevage
À l’échelle mondiale, environ 14 % des émissions de GES proviennent de l’agriculture, dont 60 % sont attribués à l’élevage. Les principaux gaz concernés sont le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), et le dioxyde de carbone (CO2). Le méthane est émis lors de la digestion des ruminants et des effluents d’animaux. Ce gaz, malgré une durée de vie dans l’atmosphère plus courte que le CO2, est 28 fois plus puissant en tant que gaz à effet de serre sur un horizon de temps de 100 ans.
Sources d’émissions dans l’élevage
Le méthane généré par les ruminants et les fermentations alimentaires représente environ 16 % des émissions globales de méthane. Les circonstances de contribution à ces émissions varient en fonction des modes de production. Pour exemple, dans l’élevage porcin et avicole, l’alimentation représente 50 à 85 % des émissions de GES. En effet, les pratiques agricoles et les sources d’alimentation importées influencent considérablement le bilan carbone des élevages.
Émissions indirectes
Certaines émissions indirectes doivent également être prises en compte : celles liées aux matières premières importées pour l’alimentation animale, souvent produites selon des normes environnementales variées. Ce point souligne l’importance d’une approche globale, incluant à la fois les pratiques nationales et internationales.
Stratégies de réduction des émissions de méthane
Face à l’urgence climatique, des stratégies de réduction des émissions de méthane sont mises en œuvre à divers niveaux. En Europe, la concentration de méthane a chuté de 39 % entre 1990 et 2020, mais ces efforts doivent être intensifiés pour respecter les objectifs de neutralité carbone.
Initiatives françaises et européennes
En France, la 3e Stratégie Nationale Bas Carbone vise à maintenir les stocks de carbone dans les sols, en valorisant les prairies permanentes et en intégrant les pratiques agricoles durables. Le programme METHANE 2030 a pour but de réduire les émissions de méthane dans le secteur bovin de 30 % d’ici 2030, en renforçant les recherches sur l’alimentation et l’efficience animale.
Les services environnementaux de l’élevage
Les systèmes d’élevage extensifs offrent aussi des services environnementaux, tels que le stockage de carbone dans les sols des prairies. En enrichissant le sol grâce aux déjections animales, ces prairies sont essentielles à la biodiversité, mais doivent faire face à des pressions croissantes. La préservation des prairies n’est pas seulement une question écologique, mais un enjeu économique qui doit être pris au sérieux.
L’efficacité alimentaire comme levier de changement
Un autre levier majeur pour réduire l’impact carbone de l’élevage est l’optimisation de l’alimentation animale. L’utilisation de ressources non comestibles pour les humains, comme les coproduits, et les aliments à faible bilan carbone, constituent des pistes intéressantes. L’outil Ecoalim d’INRAE permet d’optimiser la formulation d’aliments en considérant leur empreinte environnementale.
Innovations dans l’alimentation animale
Des innovations, comme l’utilisation de la phytase microbienne dans les rations alimentaires, permettent une meilleure assimilation des nutriments. Cela contribue ainsi à réduire les rejets polluants dans l’environnement. En ajustant les formulations alimentaires, il est possible d’atteindre des performances animales élevées tout en limitant l’impact sur le climat.
Les connaissances génétiques et épigénétiques pour l’élevage durable
La génétique et l’épigénétique sont des outils prometteurs pour réduire l’empreinte carbone de l’élevage. Les recherches actuelles cherchent à sélectionner des animaux moins émetteurs de méthane, tout en maintenant une productivité adéquate. En modifiant les pratiques de sélection génétique, il est possible d’obtenir des animaux plus adaptés aux exigences environnementales.
Le LPA Epsilon
Créer en 2022, le laboratoire partenarial associé Epsilon (Épigénétique, phénotypes, intégration, sélection) vise à développer des technologies épigénétiques dans le but d’optimiser les performances des animaux d’élevage. En traduisant les connaissances en épigénétique en applications pratiques, ce laboratoire joue un rôle pionnier dans l’élevage durable.
Rôle de l’élevage dans les cycles biogéochimiques
Tout en étant un acteur des émissions de GES, l’élevage est également essentiel au bouclage des cycles biogéochimiques. Les animaux jouent un rôle clé en fertilisant les sols via leurs déjections, créant ainsi un lien étroit entre élevage et cultures. Ce cycle naturel contribue à maintenir l’équilibre écologique.
Implications des spécialisations des régions d’élevage
Les spécialités agricoles exigent une gestion adaptée pour éviter les problèmes de pollution et de déséquilibre des ressources. Les zones à forte densité d’élevage, comme certaines régions de France, font face à des défis tels que la perte de biodiversité et les fuites de nutriments dans les cours d’eau. Une redistribution géographique de l’élevage pourrait contribuer à une meilleure intégration dans les cycles biogéochimiques.
Prairies et services environnementaux
Reconnaître l’importance des prairies est essentiel pour comprendre le lien entre l’élevage et l’environnement. Les prairies permanentes jouent un rôle crucial tant dans la préservation de la biodiversité que dans le stockage de carbone. Celles-ci sont des écosystèmes complexes, fournissant des habitats à de nombreuses espèces tout en permettant une gestion durable des ressources.
Stratégies de gestion durable des prairies
Pour assurer la durabilité des prairies, il est nécessaire d’adapter la conduite des troupeaux. Cela implique de choisir judicieusement le nombre d’animaux pour éviter le surpâturage, tout en renforçant les synergies entre agricultures et élevage. De telles pratiques permettent d’enrichir la mosaïque paysagère, favorisant ainsi la biodiversité.
Conclusion sur l’impact écologique de l’élevage
L’élevage, tout en étant un contributeur significatif aux émissions de GES, peut également offrir de nombreuses solutions aux défis environnementaux. En intégrant des stratégies de réduction des émissions, en valorisant les services environnementaux et en adoptant une approche systémique, il est possible d’envisager un avenir où l’élevage contribue positivement à la durabilité de notre planète. La transition vers un élevage durable appelle à une collaboration étroite entre chercheurs, agriculteurs, décideurs et consommateurs.
Les chiffres sont alarmants : environ 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) proviennent de l’agriculture, dont 60 % sont attribuables à l’élevage. Ce secteur est principalement responsable de l’émission de trois GES : le méthane, le protoxyde d’azote et le dioxyde de carbone. Le méthane, en particulier, retient notre attention car il a un pouvoir de réchauffement global 28 fois plus important que celui du dioxyde de carbone, bien qu’il se dégrade plus rapidement dans l’atmosphère.
Dans les pratiques d’élevage, il est crucial de repenser les systèmes alimentaires. Les chercheurs s’accordent à dire que l’alimentation des animaux, surtout des monogastriques comme les porcs et les volailles, représente 50 à 85 % des émissions de GES liées à leur élevage. En ajustant les rations alimentaires, notamment en intégrant des coproduits non alimentaires, l’impact carbone pourrait être considérablement réduit.
Michelle, éleveuse de vaches laitières, s’est engagée dans une démarche de durabilité. « Nous avons commencé à développer des stratégies alimentaires qui visent à améliorer l’efficience de nos animaux. Par exemple, en sélectionnant des aliments à faible empreinte carbone, nous réduisons non seulement nos coûts, mais également notre impact sur le climat », partage-t-elle.
De plus, un des grands défis est la gestion des effluents. Évelyne, agronome, nous explique : « Les fumiers et les déjections animales, lorsqu’ils ne sont pas bien gérés, peuvent entraîner une fuite importante de nitrate vers les eaux souterraines, polluant ainsi nos ressources vitales. » Elle souligne l’importance de l’épandage de précision pour fertiliser les sols cultivés sans surcharger l’environnement.
Il est également nécessaire de considérer les pratiques de pâturage. Julien, un agriculteur bio, ajoute : « Le pâturage raisonné permet non seulement de maintenir la biodiversité dans nos prairies permanentes, mais aussi de stocker jusqu’à 80 tonnes de carbone par hectare. » La préservation de ces espaces naturels ne doit cependant pas entraîner une focalisation excessive sur la production au détriment des écosystèmes.
En France, des initiatives comme le programme METHANE 2030 visent à réduire de 30 % les émissions de méthane dans les filières bovines grâce à une approche multi-leviers. « Nous travaillons sur la génétique, l’alimentation et le bien-être animal. Chaque pièce du puzzle compte », explique Claire, chercheuse impliquée dans ce programme.
Enfin, l’aspect économique ne doit pas être négligé. « La valorisation des services environnementaux que nous rendons pourrait permettre d’accélérer notre évolution vers un élevage plus vert », conclut Laurent, un agriculteur engagé. Réaliser et tenir compte des bilans carbone pourrait représenter une réelle opportunité pour redéfinir les pratiques du secteur tout en préservant notre planète.